Dégâts environnementaux

En effet, les barrages ont de très nombreux impacts sur l’environnement, et la plupart d’entre eux négatifs, cela va sans dire. A vrai dire, il y en a tellement qu’il est difficile de choisir par lequel commencer ! Mais bon, il a bien fallu faire un choix, sinon cet article n’aurait pas servi à grand-chose.

 

Tout d’abord, les barrages, bloquant le cours d’eau, provoquent ce qu’on appelle une eutrophisation de l’eau de la retenue. Qu’est-ce que l’eutrophisation ? Il s’agit d’une dégradation d’un milieu aquatique causée par un excès de nutriments (azote et phosphore). Ces excès de nutriments sont causés par l’accumulation de sédiments (def) dans la retenue, qui sont bien entendu bloqués par le barrage.

 

Cette accumulation de nutriments a pour conséquences de provoquer la prolifération d’algues, et d’autres plantes aquatiques. On peut également constater un phénomène d’efflorescence algale, à savoir une augmentation rapide de la quantité de phytoplancton (le plancton végétal). Tous ces végétaux, en mourant, augmentent la quantité de matière biodégradable dans l’eau de la retenue. La décomposition de cette matière consomme beaucoup d’oxygène, ce qui entraîne l’épuisement de l’oxygène dissous dans les profondeurs de la retenue.

Cela a un effet dramatique sur la faune (voir la sous-partie suivante) et est également responsable des émissions de méthane des barrages (voir la dernière sous-partie). On peut citer divers exemples d’eutrophisation dans  les barrages : ainsi, dans le barrage des Trois Gorges, le niveau de pollution du fleuve Yang Tsé augmente progressivement, et les niveaux de phosphore et d'azote relevés sont 2 à 3 fois supérieurs aux normes. De plus, cette eutrophisation rend la pêche et le tourisme impossible. Et inutile de dire que l’eau n’a plus rien de potable…

En plus de l’eutrophisation, il ne faut pas oublier la pollution « traditionnelle ». Si on prend le barrage des Trois Gorges, le risque que le réservoir se transforme en dépotoir est très grand : la proximité de villes importantes près du réservoir constitue un problème. Ainsi, la ville de Chong Qing, qui se trouve au-dessus du réservoir, déverse d'énormes quantités de produits nocifs tels que les hydrocarbures, et du mercure, ce qui s'avère évidemment catastrophique pour l'environnement. Par ailleurs, la mise en eau du réservoir a pour conséquence l'engloutissement de près de 1300 mines de charbon, 300 000 mètres carré de latrines rurales, et des tonnes de détritus en tous genres. Il va de soi que tous les barrages ne sont pas des cas aussi extrêmes que celui des Trois Gorges (lequel peut aisément être qualifié de catastrophe écologique), mais il s’agissait de donner une idée.

 

Il faut également préciser le fait que l’eau stagnante n’a pas la même faculté d’autoépuration (def) que l’eau stagnante, c

 

Un autre problème que posent les barrages est un problème de sédiments. Parce qu’en plus d’accumuler les nutriments, les barrages accumulent également les sédiments (def). Quelles sont les conséquences ? C’est très simple : puisque les sédiments sont bloqués en amont du barrage, il n’y en a plus assez en aval. Cela est un énorme problème pour deux raisons.

 

Premièrement, certains sédiments peuvent jouer un rôle d’engrais naturel. Ces sédiments rendaient donc les terres fertiles, ce qui était bien entendu très utile pour l’agriculture. Sauf que si cet engrais naturel n’est plus disponible, il faut bien que les agriculteurs se servent d’autre. C’est le cas par exemple du barrage de l’Assouan, en Egypte, l’un des plus grands et des plus (tristement) célèbres barrages du monde. Le Nil, connu pour ses crues et son limon permettant de fertiliser les terres autour du fleuve, ne connait plus à cause du barrage les crues annuelles faisant sa réputation. Les terres avoisinantes ne sont plus fertilisés par le limon car celui-ci est retenu dans le réservoir du barrage et a fait perdre une grande productivité aux champs égyptiens. Le manque d'engrais naturel est ainsi compensé par les agriculteurs par des engrais chimiques, très dangereux pour la faune et la flore locale qui souffrent donc de la construction de ce barrage.

 

Conséquence : le Nil, fleuve le plus long du monde, est également l’un des plus pollués. Oui, vous avez bien lu, les barrages peuvent même polluer de façon indirecte. Impressionnant, n’est-ce pas ?


Deuxièmement, le blocage des sédiments au niveau de la retenue a également pour effet de provoquer un phénomène d’érosion (def). On a ainsi non seulement une érosion des rives du cours d’eau (jusqu’à 4 km2  pour le barrage des Trois Gorges), mais en plus de cela le lit du fleuve se creuse, car les alluvions (def)  ne peuvent se déposer au fond  de la retenue. Mais les conséquences les plus dramatiques se trouvent au niveau des deltas.

 

En effet, les deltas sont toujours sujets à l’érosion à cause de la mer, sauf qu’en règle générale cette érosion est contrée par l’apport de sédiments venant du fleuve. « En règle général » signifiant, évidemment, quand il n’y a pas de barrage pour barrer la route aux sédiments. On peut prendre pour exemple, encore une fois, le barrage de l’Assouan : le delta du Nil recule à cause de l’érosion marine, de pas moins de 30 mètres par an environ.

 

De plus, les barrages, en retenant l’eau en amont, peuvent assécher les régions situées en aval du barrage. Cela peut également avoir des effets catastrophiques, voire dramatiques dans certains cas.

 

On peut citer par exemple le barrage des Trois Gorges, le barrage le plus grand, le plus célèbres, mais aussi le plus controversé du monde. Ce barrage assèche les régions situées en aval du réservoir, ce qui est donc un énorme problème pour les habitants (la majorité de la population se situant en aval de l'édifice car 1,4 millions de personnes ont dû être délogée pour la construction de l'incroyable lac de retenue) qui ont besoin de l'eau pour l'irrigation de leur cultures car ce sont des régions principalement agricoles. La baisse du niveau des eaux en aval du barrage, dont dépendent des populations entières pour l'agriculture, est particulièrement pointée du doigt lors des sécheresses. Ainsi, près de 1 400 réservoirs dans la province du Hubei ont été asséchés, affectant l'approvisionnement en eau potable de plus de 300 000 personnes. Les provinces en aval du barrage des Trois Gorges connaissent la pire pénurie d'eau depuis des décades. Le lac Dong Ting de la province de Hubei (deuxième lac le plus large de Chine), est à son plus bas niveau jamais reporté depuis plus de 60 ans. De plus, au printemps, suite à la pire sécheresse dans le centre de la Chine, certains lacs naturels en aval des Trois Gorges étaient à sec. Ce problème est donc loin d’être négligeable.

 

En plus de tout cela, il y a d’autres éléments à prendre en compte. Il ne faut pas oublier que dans une retenue, la surface occupée par l’eau est supérieure à celle qu’elle aurait occupé dans un cours d’eau « normal », ce qui provoque une évaporation de l’eau beaucoup plus importante. Si on prend par exemple le barrage d’Assouan, en Egypte, les pertes en eau sont supérieures à 10 km3 d’eau par an ! Bien évidemment, l’eau finit par retomber sous forme de pluie, mais il n’empêche que la grande majorité en sera perdue. En plus de l’évaporation, l’eau peut être perdue d’une autre façon : l’infiltration de l’eau dans le sol.

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