L'écosystème menacé

Si la première sous-partie était à propos des dégâts sur l’environnement en général, cette sous-partie sera dédiée à ceux sur la biodiversité en particulier. L’impact des barrages sur la biodiversité est particulièrement important. Ainsi, on estime qu’au cours des 20 dernières années du XXème siècle, plus de 20% des espèces utiles à la pêche en eau douce ont disparu, ou alors ont été mises en grave danger. Voilà qui devrait donner un ordre d’idée.

 

En réalité (et pour des raisons évidentes),  la plupart des impacts des barrages sur la biodiversité découlent des impacts sur l’environnement. Il y aura donc sans doute un certain sentiment de déjà-vu chez le lecteur, mais cela est malheureusement inévitable.

 

Tout d’abord, le plus évident : pour créer un barrage, il faut inonder toute la zone de la retenue, ce qui condamne de très nombreuses espèces vivant dans le milieu à disparaître, ou alors à se déplacer dans le meilleur des cas. Pour donner des exemples concrets, l’aménagement hydraulique de la Volga a entraîné la submersion de 22 000 km2, celui des Trois Gorges en Chine de 64 000km2. La faune et la flore des espaces submergés sont donc détruites.


De plus, le barrage modifie profondément les régimes des cours d’eau. Or, ces régimes sont extrêmement importants, voire fondamentaux pour l’écosystème du cours d’eau en question. Ainsi, des éléments semblant insignifiants, tels que le rythme, la durée ou encore la fréquence des crues, sont absolument vitaux pour toutes les espèces vivants en aval. Les crues, peuvent, par exemple, réguler les mouvements de migration des poissons. En réalité, les poissons règlent leurs cycles de vie sur les variations du débit de l’eau. Lorsque le barrage change complètement – et brutalement – les régimes du cours d’eau, les poissons sont incapables de s’adapter à de tels changements.

 

Ainsi, une équipe de l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement) a publié les résultats d’une étude faite sur le barrage de Petit Saut en Guyane, sur une période de dix ans : les chercheurs ont pu observer une diminution significative de la diversité des poissons à l’aval des barrages. Sur environ 45 espèces, une dizaine avait disparu. En revanche, deux espèces, qui n’avaient pas été observées jusqu’alors, sont apparues.

 

De plus, les scientifiques ont pu observer que la répartition des espèces au bout des dix ans avait complètement changé : les espèces détritivores, adaptées à la consommation de détritus et d'algues, ont connu une forte augmentation, car les détritus et les algues sont très abondants à l’aval de ce barrage, en raison de l’eutrophisation. En revanche, les poissons se nourrissant d’insectes et de fruits qui tombent dans l’eau pendant les crues, ont vu leur nombre diminuer, à cause du changement de régime hydraulique qui a fait baisser leurs opportunités de se nourrir.

 

De plus, comme dit dans la première sous-partie, les barrages bloquent les sédiments en amont ce qui a pour effet d’empêcher la consolidation des berges, lesquelles sont endommagées par l’érosion. Par conséquent, les poissons perdent une partie de leur habitat.

 

Les barrages ont un autre impact sur les poissons migrateurs : il les empêche purement et simplement de passer, et donc d’effectuer leur migration. Ce phénomène est appelé fragmentation des écosystèmes : les animaux sont confrontés à un obstacle crée par l’Homme, et qui l’empêche de se déplacer comme ils le devraient, et comme ils auraient pu s’il n’y avait pas eu l’obstacle en question.

 

Bien sûr, on a tenté de trouver des solutions au problème de fragmentation écologique : des échelles à poisson ont été créés, à savoir un dispositif permettant aux poissons de franchir les barrages. Le principe de ces échelles à poissons est très simple : il s’agit d’attirer les poissons et de les inciter à prendre une voie artificielle, laquelle bien sûr contourne le barrage et leur permet de passer. Cependant, cette solution n’est que partiellement efficace : il faut que le poisson puisse trouver la passe, ainsi que la traverser sans blessures qui l’empêcheraient d’effectuer sa migration. Certains y arrivent, mais pas tous.

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